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II.1.   Pourquoi une démarche qualité ? [1][2] [3]

 

 

            Les raisons qui poussent les établissements de santé à promouvoir une démarche qualité sont nombreuses. On peut les regrouper en trois grandes catégories.

 

 

            Les enjeux fonctionnels ou opérationnels

 

            La faiblesse des établissements de santé réside dans leurs carences organisationnelles. De nombreuses relations entre les services constituent des interfaces mal maîtrisées qui sont autant de niches de non-qualité.

 

            Les programmes de gestion des risques révèlent également l'importance d'une politique de veille constante permettant d'identifier le plus tôt possible les dysfonctionnements.

 

 

            Les enjeux humains et sociaux

 

            Les dysfonctionnements, les évènements indésirables et les incidents, plus ou moins graves, qui entravent quotidiennement le déroulement normal du travail ont des conséquences néfastes sur le personnel, sur la qualité des soins et sur les coûts.

Ils entraînent de la non-qualité produite, de l'insatisfaction, des tensions et des litiges. Des conséquences juridiques ou judiciaires sont de plus en plus fréquentes, d'autant plus que la contrainte réglementaire augmente. L'activité sanitaire évolue inexorablement d'une obligation de moyens vers une obligation de résultats.

 

 

            Les enjeux économiques

 

            La non-qualité coûte chère. Les dysfonctionnements entraînent des coûts de "réparation" appelés coûts de la non-qualité ou coûts cachés. Les coûts qui affectent la performance économique de l'organisation, échappent souvent aux procédures de comptabilisation. Ils ont été estimés en France, dans un hôpital de jour étudié à 88000 francs par salarié présent au bloc opératoire et par an. (étude l'ANAES en septembre 1998).

La démarche d'accréditation associée à la maîtrise des dépenses de santé introduit la notion de rapport qualité/prix en santé.

 

 

Plus précisément on peut citer trois raisons particulières au développement des démarches qualité en santé:

 

            - L'obligation de maîtrise des dépenses de santé

 

Une démarche qualité bien menée et efficace permet de diminuer les coûts de non-qualité et donc de maîtriser les dépenses de santé.

  

 

- l'évolution démographique et le vieillissement de la population

 

La population française vieillit. En moyenne l'âge moyen de la vie augmente inexorablement de trois mois par an. Ce vieillissement aura des conséquences inévitables et graves sur la protection sociale. La consommation de soins est au moins trois fois plus élevée chez les plus de 80 ans que chez les 20-30 ans.

 

- L'évolution des mentalités et la poussée du consumérisme.

 

Les mentalités évoluent. Les patients deviennent beaucoup plus exigeants et plus soucieux de la qualité des soins que par le passé, plus critiques, plus conscients de leurs droits, plus avertis, plus éduqués. Aujourd'hui les médecins et les établissements de santé doivent accepter la concurrence et l'évaluation, ils doivent être à l'écoute des usagers ouverts sur l'environnement. Conséquence de ces évolutions, le consumérisme a fait son entrée à l'hôpital

 

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II.2.   La qualité dans les établissements de santé

 

            II 2 1 / Dans le cadre réglementaire:

 

De nombreuses contraintes réglementaires sont apparues ces dernières années dans le secteur de la santé. En observant ces textes on s'aperçoit qu'ils sont tous rédigés dans l'esprit de l'assurance qualité. L'objectif est de donner confiance. Cette notion est vraiment une composante essentielle des principes de l'assurance qualité.

 

            Ainsi on peut noter par ordre de dates de parution:

 

-         Le marquage CE en vigueur depuis le 14 juin 1998, oblige tout fabricant de dispositifs médicaux, qui veut mettre ses produits sur le marché de l'Espace Economique Européen, à apposer le marquage CE après avoir établi la conformité des dispositifs concernés aux exigences réglementaires qui découlent des directives européennes 90/385/CEE (20 juin 1990) et 93/42/CEE (14 juin 1993).

Pour les établissements de soins, ce marquage introduit une notion de surveillance des dispositifs médicaux : la matériovigilance.

 

 

-         L'arrêté du 3 octobre 1995 relatif aux modalités d'utilisation et de contrôle des dispositifs médicaux d'anesthésie implique une démarche d'assurance qualité pour les dispositifs concernés

 

 

-         La Loi du 1er juillet 1998 N° 98-535 (J.O. Numéro 151 du 2 juillet 1998) relative au renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme stipule que :

"Pour les dispositifs médicaux dont la liste est fixée par le ministre chargé de la santé après avis de l'Agence Française de Sécurité SAnitaire des Produits de Santé, l'exploitant est tenu de s'assurer du maintien de ces performances et de la maintenance du dispositif médical.

Cette obligation donne lieu, le cas échéant, à un contrôle de qualité dont les modalités sont définies par décret et dont le coût est pris en charge par les exploitants des dispositifs.

Pour les dispositifs médicaux dont la liste est fixée par le ministre chargé de la santé après avis de l'Agence Française de Sécurité SAnitaire des Produits de Santé, la personne morale ou physique responsable d'une nouvelle mise sur le marché fait établir préalablement une attestation technique, dont les modalités sont définies par décret, garantissant que le dispositif médical concerné est toujours conforme aux exigences essentielles".

 

Les décrets d'application devraient paraître dans le courant de l'année 2000.

 

 

-         La politique des vigilances constitue une veille sanitaire permanente dont les objectifs sont le signalement, l'enregistrement, le traitement et l'investigation des évènements indésirables et des incidents liés à l'utilisation de produits thérapeutiques, ainsi que leur traçabilité et la réponse aux questions sanitaires. Elle se compose de :

 

 

· La matériovigilance :

 a pour objet la surveillance des incidents ou des risques d'incidents résultant de l'utilisation des dispositifs médicaux.

La matériovigilance comporte :

-         le signalement et l'enregistrement des incidents ou des risques d'incidents ;

-         L'enregistrement, l'évaluation et l'exploitation de ces informations dans un but de prévention ;

-         la réalisation de toutes les études ou travaux concernant la sécurité d'utilisation des dispositifs médicaux ;

-         la réalisation et le suivi des actions correctives décidées.

 

· et d'autres comme:

-         la biovigilance

-         la toxicovigilance

-         la pharmacovigilance

-         l'hémovigilance

 

 

 

D'autres textes portant sur la qualité des soins et la sécurité des patients se multiplient, parmi les plus importants :

 

-         La lutte contre les infections nosocomiales : Des Comités de Lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) ont été institués dans les établissements de santé publics en 1988 puis dans les cliniques privées par la loi du 1er juillet 1998 relative au renforcement de la sécurité sanitaire et un décret 99.1034 du 06/12/1999.

  

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-         Le Guide de bonne exécution des analyses (GBEA) (deuxième version - 26 novembre 1999, J.O. du 11 décembre 1999) qui stipule que tout laboratoire, réalisant des analyses de biologie médicale, doit disposer d'un système d'assurance qualité basé sur des procédures opératoires écrites concernant l'analyse proprement dite, l'organisation générale du laboratoire et de la traçabilité des contrôles.

 

-         La réglementation en générale: les établissements doivent garantir :

· la sécurité alimentaire des repas qu'ils servent aux malades hospitalisés,

· la sécurité des systèmes d'information,

· la sécurité incendie

·

 

La description des ces réglementations parle de traçabilité, de contrôles, de clients, termes de langage qualité. La mise en place d'un système qualité peut donc répondre d'une manière plus ou moins complète à leurs exigences.

 

On peut citer enfin, l'ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996 portant sur la réforme de l'hospitalisation publique et privée où :

 

                        - les droits des malades sont renforcés

- les établissements de soins doivent conclurent des contrats d'objectifs et de moyens avec les agences régionales d'hospitalisation.

- la présence des usagers est instituée dans le circuit de décision avec une participation de ces derniers au conseil d'administration.

- la mise en place d'un système d'évaluation (l'accréditation)

 

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II 2 2 / Dans le cadre de l'accréditation

 

 

II.2 2.1.L'A.N.A.E.S. [1]

 

L'A.N.A.E.S. (Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé) est la structure compétente pour gérer la procédure d'accréditation prévue par l'ordonnance du 24 avril 1996.

 

L'A.N.A.E.S. a un statut d'établissement public administratif de l'Etat. Le conseil d'administration est composé de 32 membres titulaires : personnels médicaux, paramédicaux, techniques et administratifs, représentants de l'état et organismes de maladie.

  

            II.2.2 2.Définition de l'accréditation [2] [16]

 

Il s'agit selon le manuel de l'A.N.A.E.S. "d'une procédure d'évaluation externe à un établissement de santé, effectuée par des professionnels, indépendante de l'établissement et de ses organismes de tutelle, évaluant l'ensemble de son fonctionnement et de ses pratiques. Elle vise à assurer la sécurité et la qualité des soins donnés au patient et à promouvoir une politique d'amélioration continue de la qualité au sein des établissements".

 

L'accréditation concerne tous les établissements de santé publics, privés ainsi que les établissements militaires de santé. Elle concerne également les groupements de coopération sanitaire entre établissements de santé et les réseaux de soins.

Elle ne s'applique pas actuellement aux activités médico-sociales même lorsque celles-ci s'exercent au sein d'un établissement de santé.

L'accréditation s'applique à l'établissement de santé au sens juridique du terme. Cela revient à dire que l'accréditation concerne simultanément l'ensemble des structures (services, départements...) et des activités, en raison des interrelations existantes entre elles.

Dans le cas d'un établissement de santé installé sur plusieurs sites, l'A.N.A.E.S. peut mettre en œuvre une procédure par site.

 

Près de 4 000 établissements sont concernés par l'accréditation hospitalière.

  

 

            II.2 2.3.Les objectifs[16]

 

L'accréditation s'inscrit dans la logique de progrès d'un établissement de santé. Elle accorde une place centrale au patient, à son parcours, à la coordination des soins qui lui sont apportés, à sa satisfaction.

 

L'accréditation a 6 objectifs principaux :

 

- L'appréciation de la qualité et de la sécurité des soins, qui constituent une attente principale des patients vis-à-vis du système de santé,

- L'appréciation de la capacité de l'établissement à améliorer de façon continue la qualité des soins et la prise en charge globale du patient, grâce à la mise en œuvre d'un système reconnu de gestion de la qualité,

- La formulation de recommandations explicites,

- L'implication des professionnels à tous les stades de la démarche qualité, afin qu'ils acceptent et s'approprient les changements,

- La reconnaissance externe de la qualité des soins dans les établissements de santé,

- L'amélioration continue de la confiance du public.

 

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II.2.2 4.Description du référentiel d'accréditation [7] [6] [16]

 

L'A.N.A.E.S. a bâti un référentiel qui s'inspire largement du modèle canadien. Il comprend trois chapitres, eux même déclinés en onze sous-chapitres :

 

I - Le patient et sa prise en charge

1.      Droit et information du patient (DIP)

2.      Dossier du patient (DPA)

3.      Organisation de la prise en charge des patients (OST)

4.      Prise en charge hôtelière (PCH)

 

II - Management et gestion au service du patient

1.      Management de l'établissement et des secteurs d'activités (MEA)

2.      Gestion des ressources humaines (GRH)

3.      Gestion des fonctions logistiques (GFL)

4.      Gestion du système d'information (GSI)

 

III - Qualité et prévention

1.      Gestion de la qualité et prévention des risques (QPR)

2.      Vigilances sanitaires et sécurité transfusionnelle (VST)

3.      Surveillance, prévention et contrôle du risque infectieux (SPI)

 

 

 

II.2.2 5.La procédure d'accréditation [8] [16]

 

                        La procédure d'accréditation s'effectue en huit étapes :

 

- 1. La procédure d'accréditation est engagée sur l'initiative du directeur de l'établissement. Celui-ci adresse une demande d'engagement à l'ANAES, accompagnée d'un dossier de présentation de l'établissement décrivant ses activités, son organisation générale et sa stratégie qualité. L'Agence peut ainsi déterminer le déroulement et le planning de la procédure.

 

- 2. L'A.N.A.E.S. propose un contrat d'accréditation rappelant les engagements à tenir puis envoie les documents d'analyse nécessaires à la phase d'auto-évaluation.

 

- 3. L'établissement effectue son auto-évaluation et en transmet les résultats à l'A.N.A.E.S.

 

- 4. Dès réception des résultats de l'auto-évaluation, la visite d'accréditation est effectuée par une équipe d'experts-visiteurs, qui rédige un rapport, lequel s'appuie sur les résultats de l'auto-évaluation.

 

- 5. Le rapport des experts est ensuite communiqué à l'établissement pour qu'il formule ses observations.

 

- 6. Ce même rapport des experts sur les observations de l'établissement est communiqué au Collège de l'accréditation de l'A.N.A.E.S., qui examine le déroulement de la procédure, valide le rapport d'accréditation qui comporte des recommandations, fixe les modalités de suivi et arrête le délai au bout duquel une nouvelle procédure devra être engagée.

Les appréciations du Collège de l'Accréditation seront formulées sous une forme graduée pouvant se résumer ainsi :

 

Appréciations

Modalités de suivi par

Délais d'engagement entre

deux procédures

Sans recommandations

Par l'établissement

5 ans

 

 

Avec recommandations

L'établissement de santé réalise un bilan de suivi des recommandations en perspective de la prochaine procédure

 

 

5 ans

 

Avec réserves

L'établissement de santé réalise un bilan de suivi et le transfert à l'A.N.A.E.S. à échéance déterminée

 

Moins de 5 ans

 

 

Avec réserves majeures

L'A.N.A.E.S. demande que l'établissement de santé apporte des solutions aux questions ayant fait l'objet de réserves majeures à échéance donnée

 

Moins de 5 ans et visite ciblée à échéance fixée sur les questions ayant fait l'objet de réserves majeures

 

- 7. Le rapport d'accréditation est transmis par l'Agence au directeur de l'établissement de santé, ainsi qu'au directeur de l'Agence Régionale de l'Hospitalisation (ARH) compétente.

 

- 8. Un compte-rendu de la procédure d'accréditation est transmis par l'A.N.A.E.S. à l'établissement. Il est consultable sur le site Internet de l'ANAES www.anaes.fr

Au 18/08/2000 5 cliniques, une polyclinique, et un centre hospitalier (CH du pays d'AIX ) ont été accrédités.

 

 

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II 2.3.  Dans le cadre volontaire : la certification

 

 

            II.2.3.1 Définition de la certification [10]

 

La certification est le fruit d'un travail reconnu par un organisme officiel suivant un référentiel international. C'est la satisfaction de voir déclaré atteint, un objectif fixé par une entité compétente. Mais c'est aussi la garantie de la mise en œuvre d'une organisation adaptée qui formalise les relations internes du type "client/fournisseur".

La certification est la concrétisation d'une démarche qui prouve la qualité d'un service vis à vis de ses partenaires externes, qui, eux-mêmes, ont été validés sur le même référentiel. Les actions de partenariat, de ce fait, devraient se développer puisqu'elles reposent sur les mêmes préoccupations organisationnelles.

 

Pour le service biomédical, la certification peut être aussi, et surtout, un outil de management et d'amélioration des pratiques.

 

 

II.2.3.2 Les normes de la série ISO 9000

 

                        Présentation [12] [13]

 

C'est en 1979 que l'ISO (International Organisation for Standardisation) met en place le Comité Technique (TC 176) qui prend en charge l'élaboration des normes sur le management et l'assurance qualité. L'objectif de ces normes était essentiellement de faciliter les relations contractuelles client/fournisseur par l'élaboration d'un référentiel international.

La première publication de la série des normes ISO 9000 de base (ISO 8402, ISO 9000, ISO 9004 et ISO 9001/2/3) date de 1987. En 1994, elles connaissent leur première évolution et s'acheminent pour l'an 2000 vers leur deuxième révision.

 

La structure des normes ISO 9000 version 2000 évolue vers la simplification comme le montre le tableau suivant :

 

ISO 9000 version 1994

ISO 9000 version 2000

Concept, sélection et terminologie

ISO 9000-1; ISO 8402

Concept et vocabulaire

ISO 9000

Management de la qualité - lignes directrices

ISO 9004-1; ISO 9004-2

ISO 9004-3; ISO 9004-4

Conseils pour l'amélioration des performances

ISO 9004

Assurance de la qualité

ISO 9001; ISO 9002; ISO 9003

Système de management de la qualité - exigences

ISO 9001

Audit qualité - lignes directrices

ISO 10011-1; ISO 10011-2; ISO 10011-3

Audit du système de management de la qualité et de l'environnement

ISO 19011

 

 

 

Les trois normes ISO 9001/ 2 /3 ne feront plus qu'une, ainsi le service souhaitant entrer dans la démarche de certification ne répondra qu'aux chapitres qui concernent le champ d'activité qu'il souhaite certifier. Malgré tout, si une entreprise possède un service de conception ou de recherche et développement, il devra obligatoirement le faire certifier.

 

Par rapport à la norme ISO 9002 de 1994, quatre évolutions principales sont constatées :

 

            - la responsabilité de la Direction (chapitre 5 du projet de norme),

            - la prise en compte plus importante du client (tous les chapitres),

- une meilleure gestion des ressources (chapitre 6),

            - une approche en processus de l'activité (principalement le chapitre 7).

 

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II 2.3.3.La certification

 

                         Le COFRAC [17]

 

Mis en place en avril 1994 par les pouvoirs publics à l'initiative de l'ensemble des opérateurs économiques. Conçu en tous points conforme aux exigences européennes et internationales, le COFRAC (COmité FRançais d'ACcréditation) permet aux laboratoires et organismes qu'il accrédite, d'apporter la preuve de leur compétence et de leur impartialité.

 

Il offre ainsi aux entreprises, aux consommateurs et aux pouvoirs publics, une réelle garantie de confiance dans les prestations effectuées par les entités accréditées.

 

Le COFRAC est une association sans but lucratif déclarée selon la loi du 1er juillet 1901. Ses membres peuvent être toutes personnes intéressées par son activité.

 

 

 

                         Les organismes certificateurs [1]

 

A la date du 1er juin 1999, il existe dizaine organismes certificateurs de systèmes accrédités par le COFRAC pour la certification selon les normes ISO 9000 dans le secteur de la santé.

 

 


                         La procédure de certification [5]


 

 



[1] [ ] Renvoi à la référence bibliographique correspondante        

 

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